En traversant la nuit brésilienne. Les chansons du Clube da Esquina dans le contexte de la dictature militaire.
Clube da Esquina; sémiotique; chanson; résistance; traversée, dictature.
Le Clube da Esquina est devenu célèbre comme le groupe formé par Milton Nascimento et un certain nombre de collaborateurs qui se sont présentés comme l’une des voies principales de résistance dans le cadre de la dictature militaire brésilienne. En certaines occasions, la contraposition de ces compositeurs par rapport à la dictature est mise en question, notamment dans des lectures qui les placent au sein d’une dispute avec le Tropicalismo et à la recherche de légitimité et d’engagement. En effet, nous croyons qu’il y a un langage esthétique présent dans les compositions du Clube da Esquina qui est produit de ce contexte historique et qui le dépasse. Ce travail cherche à analyser la poétique du Clube da Esquina en la comprenant comme un discours politique dans un contexte de censure aux chansons engagées. Pour ce faire, nous proposons une analyse axée sur le langage et l’arrangement interne des récits présents dans les paroles. Pour constituer notre corpus d’analyse, nous présentons une réflexion sur six chansons, à savoir: “Beco do Mota” (1969), “Clube da Esquina n°1” (1970), “Para Lennon e McCartney” (1970), “Trem de Doido” (1972), “O Que Foi Feito Devera” (1978) e “Sol de Primavera” (1979) afin de démontrer non seulement le dialogue qu’elles établissent entre elles, mais aussi la construction de cette poétique. Notre perspective théorique est soutenue par les études de Tatit (1997, 2001, 2002, 2007, 2008) à partir desquelles nous définissons une esthétique de la résistance, dévoilée par le mouvement allégorique de traversée, et représenté dans les paroles par les éléments linguistiques liés au crépuscule et à l’aube. Notre perspective d’analyse soutient encore que les allégories liées au jour et à la nuit peuvent être interprétées comme représentatives du parcours artistique du Clube da Esquina, dans le sens où elles s’étendent dès le coup d’État au Brésil (1964) jusqu’aux premiers pas vers la réouverture politique du pays, marquée par la Lei de Anistia Federal (1979).